Sommaire – Sujets traités:
- Était-ce grave ?
- Qu’en était-il du fourrage ?
- Que doit-on faire ?
- À quoi faut-il faire attention lors d’un sur-semis ?
- Évitez-vous un stress lié au stocks fourragers !
- À partir de quand les vaches peuvent-elles aller au pâturage ?
- La tolérance variétale à la sécheresse a-t-elle été testée par des essais locaux ? En savoir plus
- Anticiper vos besoins et prévoyez les stocks nécessaires ! En savoir plus
- Bilan En savoir plus
La gravité de la Sécheresse en 2018
La sécheresse extrême de l’année dernière a été une source de stress pour les éleveurs, mais pas seulement pour eux. Ils ont été confrontés à des questions vitales: Mes réserves de fourrages sont-elles suffisantes ? Mes prairies vont-elles se renouveler? Mes réserves d’eau potable seront-elles suffisantes pour l’abreuvement du troupeau ? Combien de temps cette situation extrême va-t-elle encore durer ?
Les plantes présentes sur les prairies ont aussi énormément souffert de la sécheresse. Toutefois, celles-ci réagissent au stress de manières très différentes.
Par ailleurs, la situation en 2018 était bien plus difficile que les années précédentes. Si, les années précédentes, on pouvait compter sur un reliquat d’eau suffisant à la fin de l’été pour la réalisation d’un sur-semis, en 2018, même au début de l’automne le temps était encore bien trop sec.
Qu’en était-il du fourrage ?
Les rendements fourragers ont fortement diminué selon les endroits. La qualité du fourrage issu des premières repousses était très peu affectée. En revanche, les plantes ayant poussées durant la période estivale ont été davantage concernées par des maturations précoces. La conséquence a été une hausse de la teneur en cellulose au détriment de la valeur énergétique. La hausse de la cellulose et de la matière sèche s’accompagne généralement d’une diminution de la qualité du tassement du fourrage lors de l’ensilage, ce qui (du moins en partie) exige l’utilisation d’Ensilage afin d’assurer la qualité de l’ensilage.
En revanche, la hausse de la teneur en matière sèche a grandement facilité la fenaison et le fanage sur les parcelles.
La composition botanique du stock sur pieds des pâtures a radicalement changé ! La disparition des espèces à haut rendement a finalement laissé la place à des variétés profondément enracinées ainsi qu’au développement des adventices.
Malgré le prolongement de la période de végétation, en automne, il n’était pas toujours évident de vérifier si les variétés (hors mauvaises herbes) s’étaient bien renouvelées, c’est-à-dire, si elles avaient réagi de manière « résiliente » (capacité de repousse après une période de stress) . A la fin de l’automne, il était tout de même possible de faire pâturer les animaux, malgré une qualité de repousse des prairies relativement médiocre à de nombreux endroits. Les éleveurs n‘ayant pas pris les mesures adéquates ou ayant été contraints, par pénurie de fourrage, à faire pâturer de manière intensive et durant une longue période en automne, ont probablement souffert d’un manque de production au printemps du fait de ce surpâturage automnale.
Néanmoins, les nouveaux résultats provenant de Suisse offrent un espoir: les essais qui y ont été conduits témoignent d’un reverdissement étonnant de l’herbe pâturée, car les racines des plantes auraient été renforcées au cours de la période de sécheresse. De plus, l’azote contenu dans le sol qui ne s’était pas minéralisé en raison du déficit en eau, se serait également libéré à la suite de nouvelles précipitations, ce qui explique également la rapidité du renouvellement.
Que faire?
Pour les exploitants ayant réalisé un sur-semis en automne malgré une pénurie d’eau, il était impératif de contrôler la levée. En général, il est important de faire l‘état des pâturages au début du printemps. Les mauvaises herbes se sont-elles implantées dans les zones vierges de végétation ? Que s’est-il passé avec le pâturin commun ? Les pâturages ont-ils résisté à l’hiver et/ou ont-ils été endommagés par la « moisissure des neiges » ou par les souris ? Quelles sont les espèces végétales qui ont subsistées et pourront-elles produire un pâturage de qualité au cours du printemps?
Plusieurs mesures doivent être prises selon l’étendue des zones sans végétation. Lorsque ces dernières s’élèvent à plus de 20 %, le semis peut déjà être effectué avant la première pousse.
Toutefois, dans le cas de la première pousse, il faut souvent tenir compte de la concurrence élevée des stocks sur pied restants. De plus, des mesures de fertilisation minérale sont à mettre en place mais également organique. En effet, les nouvelles plantules peuvent facilement être attaquées et freinées dans leur croissance. C’est pourquoi il est essentiel, dans la mesure du possible, d’apporter du lisier et de le répandre à même le sol sur les pâturages avec gazon court.
Dans le cas où les zones sans végétation sont peu nombreuses, il convient de contrôler de manière plus approfondie la composition botanique des pâturages. En cas de proportion élevée de pâturins communs, il sera nécessaire d’étaupiner et d’étriller les pâtures. Avant la première coupe, la concurrence entre les variétés déjà implantées ou présentes est si forte que la réussite d’un semis aura peu de chance de porter ses fruits. Il sera donc préférable d’envisager un sur-semis après la réalisation de la première coupe.
À quoi faut-il faire attention lors d’un sur-semis ?
Le risque habituel encouru par l’adaptation des pâturages aux conditions environnementales peut être atténué en ne semant pas seulement une seule espèce, mais un mélange. Il a été démontré que les mélanges composés d’espèces à racines profondes et à racines superficielles sont, sur le long terme, plus adaptés à croître dans le cas de ressources limitées. En raison de leurs racines profondes, les légumineuses (p. ex. le trèfle violet ou en particulier la luzerne) résistent bien mieux aux épisodes de sécheresse que les variétés à racines courtes ou le trèfle blanc. Il en va de même pour l’efficacité de la fertilisation azotée. L’utilisation de la capacité de fixation de l’azote des légumineuses permet de diminuer considérablement le besoin en azote minéral. Cela permet de réduire les dépenses mais aussi de protéger l’environnement en diminuant les émissions CO2, qui sont inévitablement émises au cours de la production industrielle des engrais azotés.
Les mélanges résistants à la sécheresse contiennent le plus souvent du dactyle, une plante reconnue pour son seuil de tolérance élevé à la sécheresse. La fétuque élevée est également plus résistante à la sécheresse. Néanmoins, ces deux espèces ne conviennent pas aux pâturages, étant donné qu’elles sont souvent boudées par les animaux au pâturage.
Éviter le stress liés aux stocks de påturages
Épargnez-vous un stress supplémentaire liés aux stocks de pâturages en épandant prudemment le lisier sur les versants exposés au soleil et en utilisant un lisier dilué dans la mesure du possible. L’épandage d’un lisier trop dense sur des pâturages en pousse compromet souvent le développement des graines en germination ainsi que la repousse au printemps. L’emploi d’inhibiteurs d’uréase peut s’avérer avantageux, étant donné que des nutriments contenus dans le lisier seront relâchés en différé selon la température et l’humidité. Ainsi ils seront potentiellement disponibles au moment des besoins.
Il est compréhensible qu’au terme d’un long hiver et en raison de la diminution progressive de la capacité de stockage, le besoin d’épandage de lisier devienne pressant. Toutefois, il est impératif d’éviter un compactage du sol en utilisant des tonnes à lisier pas trop lourdes ou s’interdire l’accès aux pâturages lorsque ceux-ci sont humides. Une fertilisation intensive et des sols humides augmentent le risque de relâchement de protoxyde d’azote (gaz hilarant).
À partir de quand les vaches peuvent-elles aller au påturage ?
Quelle que soit l’épaisseur de la couche herbeuse, le moment du premier pâturage reste identique. La règle est toujours la même: Mettre les animaux au pâturage dès qu’il y a quelque chose à brouter. Il convient de ne pas faire paître les animaux sur les surfaces fraîchement semées, afin d’accorder suffisamment de temps à l’implantation des surfaces fortement endommagées et en particulier si les graines sont en germination. Sur ces surfaces, il est important de ne pas faire de sur pâturage ! La hauteur minimale de la prairie après pâturage doit être supérieure à 5 cm, surtout durant la phase de renouvellement du pâturage. En cas de reprise après un épisode de sécheresse, il convient de ne pas faire pâturer afin de préserver la prairie. Dans tous les cas il est recommandé de ne pas pâturer en dessous d’une hauteur de 5 cm car certaines variétés accumulent des réserves essentielles à leur repousse en dessous de cette hauteur.
La tolérance variétale å la sécheresse a-t-elle été testée par des essais locaux ?
Jusqu’à présent, des essais variétaux ou essais de valeurs n’évaluaient pas spécifiquement la caractéristique « tolérance à la sécheresse et/ou résilience (capacité de repousse après un stress). C’est la raison pour laquelle il est à l’heure actuelle impossible d’émettre des recommandations de variété à ce sujet.
On peut toutefois partir du principe que les variétés recommandées jusqu’à présent, resteront celles avec une résilience et un rendement supérieur aux variétés qui n’ont pas été recommandées. Il convient donc de tenir compte des recommandations variétales de la région en question et d’agir en fonction. À cet égard, la sélection des espèces s’avère plus facile, étant donné qu’outre le dactyle et la fétuque élevée, le pâturin des prés a démontré une bonne résistance aux épisodes de sécheresse grâce à ses rhizomes souterrains. Il est étonnant de constater que les trèfles violets sursemés dans l’essai au LAZBW d’Aulendorf (centre agricole du Lande Bade-Wurtemberg) avaient relativement bien résisté à la sécheresse de l’année dernière. De toute évidence, la résistance du sur-semis de trèfle violet sur les parcelles à vocation de pâturages permanents a été gravement sous-estimée ces dernières années. L’ensemencement d’une seule variété produit parfois des rendements plus élevés, mais uniquement dans des conditions optimales. L’utilisation d’un mélange contenant des légumineuses est donc le seul moyen d’obtenir des rendements corrects à long-terme.
Anticiper vos besoins et prévoyez les stocks nécessaires !
Il est vrai que cette phrase peut sembler très banale, mais il s’agit en fait de prendre en compte les capacités du lieu, en termes de rendements vis-à-vis de la production de fourrage dans un premier temps, et ensuite par rapport à l’épandage et la répartition de l’engrais issu de votre propre exploitation. Étant donné que certaines régions sont régulièrement confrontées à une diminution des rendements due à la sécheresse, il est essentiel d’adapter la densité d’animaux maximale ou optimale aux caractéristiques du lieu en question. D’un côté, cela peut être effectué en augmentant la production au cours des phases de croissance (p. ex. au moyen de fertilisant azoté), mais il est d’un autre côté nécessaire de constituer des stocks simultanément, afin de surmonter d‘éventuelles périodes creuses. Le stockage d’ensilage sous forme d’enrubanné ou de foin peut être une solution. Ceci permet ainsi de distribuer aux animaux des plus petites quantité, en cas de besoins.
Récapitulatif
- Analyser les stocks de fourrage en début d’année et réaliser un sur-semis au printemps si la proportion de surface non enherbée est élevée.
- Nettoyer les pâturages plus denses uniquement lors de la deuxième pousse.
- Sélectionner un bon mélange constitué d’espèces recommandées et l‘acheter à temps.
- A fin de prévenir tout risque éventuel, sélectionner des mélanges constitués de plusieurs espèces, en particulier de légumineuses.
- Mieux exploiter les phases de croissance et constituer des réserves.
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